IA :  Intelligence des Autres.

C’est dans la relation aux autres que se forgent notre dignité et notre humanité.

La sincérité et la richesse de cette relation doivent guider notre volonté de mériter le nom d’homme. C’est l’altérité imposée par cette relation qui nous fait découvrir et développer notre singularité et reconnaitre celles des autres. Cette singularité c’est ce qui caractérisera notre autonomie de pensée et c’est cette volonté d’autonomie de pensée qui nourrira notre esprit critique, notre recherche de discernement. 

Pour discerner, il faut d’abord pouvoir et vouloir différencier.

Différencier le vrai du faux, le secondaire du principal, les faits des opinions, les hypothèses des démonstrations établies, les incertitudes des certitudes, les questions rhétoriques des questions réelles. 

« La réponse est le malheur de la question » (Maurice Blanchot). 

Nous répondons trop vite, sans avoir bien pris toute la mesure de la question, sans savoir si c’est la bonne question, la seule question. Nous répondons trop vite car la question ouvre un espace inconfortable s’il n’est pas très rapidement refermé par la réponse, qu’importe parfois la réponse. Or, il faudrait laisser cet espace ouvert le plus longtemps possible, laisser la question flotter et en appeler de nouvelles.

L’intelligence artificielle est défi inouï pour l’humanité.  

Elle vient percuter tout ce qui vient d’être énoncé plus haut. Pour la première fois depuis Les Lumières  ( la fin de la superstition et de l’obscurantisme d’après Kant) il est redonné aux hommes de « bonnes raisons » pour abdiquer leur esprit critique, leur autonomie de pensée, leur capacité d’analyse et de réflexion. La Machine y pourvoira, ne vous fatiguez pas, elle en sait mille fois plus que vous, mille fois plus rapidement. Abdiquer leur liberté en fait et donc « en récompense », être libérés de leurs responsabilité et se consacrer sans effort à l’activité de consommateur, qui confond choisir et décider, qui confond avoir la réponse et avoir la connaissance.

 Alors alliée ou ennemie ?

En tout cas il faut faire avec, et de plus en plus, sans pouvoir y échapper. La question est comment mettre sa puissance au service du projet humaniste : des hommes conscients de leur communauté de destin dont la liberté, l’intelligence et les connaissances.

Comme on a su écrire les livres qui ont ouvert l’esprit et le cœur des hommes et en faire l’essentiel de nos bibliothèques, et marginaliser les livres de la haine et de la désinformation, il faudra savoir élaborer les IA qui feront de même. 

Patrick Margron

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