Déchiffrer ce qui émerge à notre conscience. D’abord ce qui est de l’ordre du rationnel, les informations, les faits, ce qui met en jeu nos connaissance nos capacités d’analyse et de synthèse. Mais ensuite aussi ce qui relève aussi des émotions, des sentiments, de l’intuition. Déchiffrer tout cela, c’est-à-dire savoir le reconnaitre et l’assembler pour former un jugement, une décision, une action.
Lire, c’est aussi déchiffrer. Du moins au début quand nous apprenons à lire. Ensuite ce déchiffrement se fait de façon automatique, fluide, inconscient. Mais c’est justement un piège. Car alors nous lisons de façon trop superficielle, trop rapide pour véritablement s’imprégner, de ce qui est écrit, de ce qui est dit, et nous y perdons en richesse, en savoirs, en émotions.
Réapprendre à lire lentement. C’est à dire en déchiffrant pas à pas ce que nous comprenons vraiment, ce que nous ressentons vraiment à cette lecture. C’est souvent ce à quoi nous sommes contraints quand nous avons affaire à ces écrits qualifiés « d’exigeants ». Il faut relire les phrases plusieurs fois de suite, y revenir plus tard, se référer éventuellement à d’autres textes, au dictionnaire, partager avec d’autres, et, trop souvent nous abandonnons assez rapidement car nous en avons pris l’habitude, avons cédé à la croyance qu’il fallait comprendre vite, décider vite.
Lire en conscience pour exercer notre discernement. La rapidité est l’obstacle le plus fréquent à notre discernement, c’est sans doute le biais le plus vicieux car socialement très valorisé. Nous avons tous été encouragés et récompensés à être rapides. « Du coup » nous analysons, jugeons, décidons comme nous lisons, de façon superficielle, automatique, sans réelle prise de hauteur, de recul, de mise en perspective, d’introspection, d’esprit critique. Lire en conscience est un entraiment pour reconditionner notre cerveau à prendre le temps de bien comprendre ce qui arrive à sa conscience. Et, si ce n’est pas clair, recommencer, jusqu’à temps que le brouillard s’estompe, que l’on discerne ce qu’il y a à apprendre, à comprendre, à ressentir.