On parle souvent de la paix dans le monde comme quelque chose de collectif : la fin des guerres et l’harmonie entre les peuples. Mais avant de changer le monde, ne serait-il pas mieux de se changer soi-même ? En effet, comment pouvons-nous espérer la paix entre les Hommes si chacun porte en lui le fardeau de ses craintes et ses blessures d’âme ?
En effet, Erasme dans La complainte de la paix, dénonçait déjà la folie des conflits nés de la haine et de l’ignorance. Pour lui, la paix véritable devait naître du cœur et de l’esprit, non des armes : nous devons réfléchir sur nous-même avant de réfléchir sur le monde.
Chercher la paix en soi, cela revient à reconnaître nos propres contradictions, nos erreurs de jugement, et maîtriser nos émotions afin d’aller vers le Bien, sans lequel aucune paix (intérieure comme extérieure ) ne serait possible. Mais la recherche de cette paix intérieure passe aussi par l’écoute d’autrui : il faut comprendre ce qui l’anime, ses craintes et ses blessures d’âme pour comprendre ce qui ternit le monde. C’est ainsi que Montaigne écrivait que “chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition” : c’est en acceptant tout cela que nous pourrons accéder à un monde dans violence.
Ainsi, contrairement à ce que l’on pense, la paix du monde n’est pas une utopie lointaine : il s’agit d’un effort quotidien que chacun doit accomplir afin de comprendre petit à petit l’origine de la violence du monde. Elle commence alors dans nos simples gestes, nos paroles d’apparence anodines et dans la manière dont nous traitons ceux qui nous entourent. Se changer soi-même en décidant d’aller vers le Bien ou vers le Mal, c’est déjà changer le monde. Peut-être que les grandes guerres commencent toujours dans le cœur d’un homme blessé. Et si, au fond, apprendre à apaiser une seule âme, c’était déjà empêcher une guerre ?
Lisa Bauduin
