Quand le cerveau ralentit pour prendre de meilleures décisions

Dire de quelqu’un qu’il a un cerveau lent (grossier jeu de mot !) n’est pas vraiment un compliment. Et pourtant à y regarder de plus près cette qualification est-elle vraiment si méprisante ? En effet, pour exercer un esprit critique et agir avec discernement, le cerveau ralentit le processus décisionnel. Voyons concrètement comment cela se déroule.

Une des expériences classiques utilisées pour explorer ce processus est le test de Stroop. Dans ce test, des noms de couleurs écrits de différentes couleurs sont présentés. La consigne est de citer la couleur d’écriture. Dans les cas simples, dits congruents, la couleur est celle du nom de cette dernière : le mot “rouge” écrit en rouge. Le plus souvent, les cas sont plus complexes car non congruents : le mot “rouge” écrit en bleu ou en vert. L’automatisme de lecture des mots que nous avons acquis dans l’enfance, nous conduit à avoir tendance à lire le nom de couleur. Il faut donc faire un effort volontaire pour ralentir cet automatisme et donner la bonne réponse, la couleur d’écriture. L’imagerie cérébrale fonctionnelle a montré que la réussite aux tests est associée à la mise en jeu de structures cérébrales antérieures et médianes (en particulier le cortex cingulaire antérieur, détecteur de situations « conflictuelles », dans le test le conflit entre le nom et la couleur d’écriture) et surtout de cortex préfrontal dorsolatéral qui vont freiner l’ensemble des structures cérébrales impliquées dans le processus décisionnel.

En situation de fatigue ou de stress émotionnel, mais aussi chez les adolescents quand l’ensemble des voies neuronales n’est pas encore totalement en place et chez les personnes sujettes à une addiction chimique ou comportementale, ces systèmes de frein sont moins performants. Il y a impulsivité décisionnelle et souvent comportementale. La conséquence est la présence de fréquentes erreurs dans le test de stroop ; et, en dehors du laboratoire de sciences cognitives, la présence d’erreurs décisionnelles souvent dommageables pour soi ou pour autrui. Bonne nouvelle ! Il est souvent possible de freiner volontairement le processus décisionnel. D’où l’importance de s’accorder du temps pour les décisions importantes et être vigilant aux décisions prises en situation à risque d’impulsivité. Il semble aussi possible d’entrainer le système de freinage à être plus performant, en particulier par une pratique régulière de la méditation. 

Alors désormais, si vous êtes traité de “cerveau lent”, vous aurez quelques éléments de réponse !

Philippe Damier

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