Une tête bien fait plutôt qu’une tête bien pleine

La lecture ne peut à mon sens se résumer à une seule activité de divertissement ou d’apprentissage -Ce qui ne serait au demeurant déjà pas si mal !- Elle est également un outil permettant d’élargir son espace de liberté intérieure et sa capacité à développer son esprit critique et sa faculté à penser de façon autonome.

Prenons l’exemple de Montaigne (1533-1592) penseur humaniste qui a fait de ses nombreuses lectures des penseurs grecs, un véritable laboratoire où il pouvait tenter l’expérience de douter de ses certitudes et de se libérer des dogmes en vigueur. N’oublions pas qu’il vivait au temps des terribles guerres de religion où penser librement pouvait vous valoir de fameux ennuis.

Comment ne pas voir cet exemple comme un modèle terriblement actuel où plus que jamais, la lecture doit être un outil de discernement qui nous aide à distinguer le vraisemblable du vrai, à se méfier des dogmes et des doxas, en bref, à penser par soi-même, tout en se nourrissant d’allers-et-retours entre les différents courants et points de vue. 

Ecouter et lire tous azimuts ne signifie pas être d’accord avec tout le monde, mais simplement construire un terrain intérieur, fertile grâce au terreau de l’argumentation et contre l’aridité du simplisme.

Nourri et arrosé, le discernement devient l’arme puissante de la paix intérieure et du dialogue.

Lecture contre « bourrage de crâne » : Montaigne ne disait-il pas en son temps « J’aime mieux une tête bien faite (entendez par là « bien construite ») qu’une tête bien pleine … (de choses incomprises … ou de vide !)

A notre époque de surinformation amenant la désinformation, plus que jamais, se retrouver seul (mais l’est-on vraiment alors ?) avec les auteurs, c’est s’offrir la possibilité d’un discernement issu de la faculté de trier, hiérarchiser, évaluer et penser librement !

Isabelle Aurerin

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